vendredi 29 septembre 2017

Blabla point 5


Pendant sept jours, les langues se délient pour parler avec passion des femmes mangakas, ces artistes que vous vous devez de connaître... 

<< Partie 4 




Pour préciser ma pensée : avec cette question, je pensais aux pires clichés possibles que l'on entend bien trop souvent sur les femmes auteures (ou autrices, comme vous préférez, je ne rentrerai pas dans ce débat). A savoir : elles ne savent écrire que des romances, ne dessinent que des personnages aux grand yeux, ne peuvent pas faire du dark / trash ... Je vous laisse cracher sur ces énormités ridicules. En attendant, la parole est aux lecteurs (de bon goût) ! 

Amai : Je pense qu’on peut ranger dans cette catégorie de mangakas peu conventionnelles des œuvres, qui si on parle de leurs auteurs, les gens s’étonneront qu’elles aient été créé par des femmes. Soit des mangakas qui, grâce à leur talent, peuvent d’affranchir librement des normes à tel point qu’elles ne sont plus uniquement caractérisées par leur genre. Ce qui permet par exemple de toucher un public très large. On peut alors citer dans cette catégorie Kaoru Mori (Emma, Bride Stories), Hiromu Arakawa (FullMetal Alchemist, Silver Spoon), Jun Mochizuki (Pandora Hearts) ou Yana Toboso (Black Butler). Des mangakas que l’on retrouve dans des magazines de prépublications, essentiellement masculins (shonen/seinen) par exemple. 

Amélie : Pour cette question, je pense à deux auteures: Koré Yamazaki et Haruko Ichikawa. Dans sa série, The Ancient Magus Bride, la mangaka nous entraîne dans un univers fantastique, dénué de tout cliché. Il y a certes de la romance, mais celle-ci est traitée de manière raisonnable de sorte à ne pas trop en faire. De plus, ses personnages féminins sont bien loin de l’archétype que l’on trouve habituellement dans les mangas, qu’il s’agisse d’un shonen ou shojo. En ce qui concerne, Haruko Ichikawa, il me semble évident qu’elle casse avec les codes préétablis. Par exemple, dans L'Ère des Cristaux, elle met en scène des personnages filiformes et asexués dont on ignore le caractère de leurs relations. Ces deux œuvres s’adressent aussi bien à un public masculin que féminin.

© Kaoru Mori (Emma)
© Koré Yamazaki
(The Ancient Magus Bride)

Anne Cerise : Je dirais Hiromu Arakawa. Avec son extraordinaire Fullmetal Alchemist je pense qu'elle parvient à mettre tout le monde d'accord, quel que soit l'âge, le genre ou les goûts des lecteurs. Son Silver Spoon n'est pas en reste d'ailleurs, il est à la fois hilarant et une peinture très juste et touchante du monde agricole. Dans tous les cas on est loin de l'auteure de shojo gnangnan que certains ont peut-être en tête quand on parle de femmes mangakas (drôle d'idée d'ailleurs ?). 

Dareen : Elle rejoint un peu la question précédente, le premier nom qui me vient à l’esprit est Moto Hagio. Du « Groupe de l’an 24 », c’est le seul membre dont je connais un minimum ses œuvres. Elle, ainsi que ses camarades, ont beaucoup apportés à l’univers de la bande dessinée japonaise en y ajoutant de nouvelles thématiques, genres, brisants les codes. Difficile d’en parler plus longuement car je ne connais que très mal la situation des femmes mangaka de l’époque, ainsi que le shôjo. Cependant, la simple lecture de l’anthologie de Moto Hagio (disponible en France), où l’humanisme de l’auteure se mélange à des récits parfois de SF, parfois plus confidentiels,  permet de comprendre pourquoi le travail de cette dame fut important dans le développement du manga féminin moderne.
© Hiromu Arakawa
(Fullmetal Alchemist)
© Moto Hagio

Gekkou : Les clichés sur les femmes mangakas sont tellement nombreux et affligeants que je n'ai même pas envie de les lister. XD Mais s'il y avait une auteure qui va à leur encontre pour moi, c'est bien Soryo Fuyumi ! On cantonne souvent les femmes mangakas au shôjo, et Soryo Fuyumi a bien commencé avec ce genre. Mais dès le début, elle a su se détacher des autres œuvres du genre (et du manga tout court). Boyfriend ou Mars en sont les parfaites illustrations : avec elle, le shôjo n'est pas niais, bien au contraire. Ses personnages sont tout en nuances, et ses récits sont solides. Vous ne verrez pas des pétales de rose voler partout… mais vous aurez quand même quelques papillons dans le ventre. ^^ Avec Eternal Sabbath, elle a su également explorer d'autres horizons inattendus (la télépathie, le surnaturel…), et mieux : réussir à le faire. Et bien sûr, qui a dit que le manga historique n'était réservé qu'aux hommes ? Parce que Soryo Fuyumi prouve avec Cesare que ce n'est pas le cas. Elle est capable de monter un projet ambitieux et exigeant, et de créer un personnage aussi (sinon plus) charismatique que le personnage historique, et de rendre tout ceci passionnant.

Little Red : On pense souvent, à tort, que les femmes mangaka font toutes dans le shojo. Non, non non et non… Shinobu Ohtaka auteure de Magi en est notamment la preuve. Cette mangaka a su me faire vibrer et voyager tout au long de son shônen. L’univers est riche, bien construit et nous réserve plein de belles surprises.

© Fuyumi Soryo
(Eternal Sabbath)
© Shinobu Ohtaka
(Magi)

Maruna : Une question encore une fois facile, pour moi l'artiste qui brise le mieux les codes des shojo très typés est Keiko Suenobu. Ses manga parlent de violences, de viol, de problèmes de société en les mettant en avant au yeux du monde. Exit les romances neuneu (même si j'aime ça aussi), les triangles amoureux plus que classique et les héroïnes complètement débiles ! Les shojo, ce ne sont pas que des romances mièvres et futiles. Je ne peux que vous conseiller le catalogue d’œuvres de Keiko Suenobu, elle vous le prouvera 100 fois !

Meloku : S'il y a bien une auteure peu conventionnelle, c'est Junko Mizuno. Elle a commencé le manga en illustrant des CD, aujourd'hui elle vit à San Francisco et fréquente bien plus le milieu de l'art contemporain que celui de la BD. Elle touche à divers médias puisqu'elle fait aussi du design de petites sculptures, mais pour revenir à ses mangas, on trouve rapidement sa patte personnelle. Ses œuvres peuvent paraître mignonnes au premier abord, mais derrière les parodies de contes (La petite sirène, Cendrillon, Hansel & Gretel) et ses montagnes de bonbons et autres couleurs arc-en-ciel (parce que oui, la plupart de ses mangas est en couleurs) se cachent un ton plus trash et des sujets plus crus. Elle parle de sexualité, de menstruations, de cannibalisme, de drogues, de désenchantement... C'est l'anti-kawaii. De plus, elle porte un soin tout particulier au livre en tant qu'objet, comme en témoignent son livre illustré Ravina the witch ? ou son récent livre animé qui coûte quelques centaines de dollars. Outch.

© Keiko Suenobu
(Life)
© Junko Mizuno
(Ravina the witch ?)


Nathan : Pour beaucoup, une femme mangaka se résume à écrire des shojos et à dessiner des personnages aux grand yeux. Parmi les nombreux contre argument qu'on peut présenter, il y a notamment Hiromu ARAKAWA avec  sa série Fullmetal Alchemist. Cependant (et même si ça ne saurait tarder) je n'ai malheureusement toujours pas lu cette série, ni aucune autre de cette auteure... Ainsi donc je vais ici parler de Ryo HANADA et de son manga Devil's Line. Je pense que c'est l'un des meilleurs exemples d'auteure qu'on peut qualifié de «peu conventionnelle» avec notamment une histoire qui certes semble au départ se concentrer sur une romance lambda pour finalement se rapprocher d'un manga à suspens avec un univers sombre, mature et cohérent ou le danger est partout. Pareil niveau dessin, ici c'est un trait fin mais dur où l'auteur n'hésite pas à montrer la véritable bestialité des vampire (s'éloignant par ailleurs de la sexualité dont on les avait habitué ces dernières années). Le manga est par ailleurs un seinen, contrastant donc avec l'étiquette de mangaka shojo qu'on attribue bien trop souvent au auteures.

Oriane Sidre Hiromu Arakawa. Lorsque j’étais petite, j’étais persuadée que les shonen n’étaient écrits exclusivement que par des hommes ; et les shojo par des femmes. Je n’arrivais donc pas à croire que Fullmetal Alchemist soit l’oeuvre d’une femme ! (de même, pour anecdote, il était pour moi inconcevable que la voix d‘Edward Elric dans l’adaptation animée soit celle d’une doubleuse femme !). Peu de femmes ont réussi jusqu'à présent à s’aménager une place aussi influente dans le milieu viril du shonen, et à y parvenir avec un projet aussi original, divertissant et réfléchi que FMA. De même, j’attends un jour l’arrivée d’un auteur homme capable de révolutionner le shojo
© Hanada Ryo
(Devil's Line)
© Hiromu Arakawa
(Fullmetal Alchemist)

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